Artiste peintre originaire du Finistère, ne en 1974, Eric Fleury vit aujourd’hui au dessus de son atelier, dans un petit village ardéche du Sud, Payzac.
Passionné de dessin depuis ses plus jeunes années, il a intégré différents ateliers d’arts plastiques mais ne saurait être réduit à aucun mouvement ni aucune école contemporaine, tant son activité se nourrit d’inspirations et d’univers différents mais cohérents.
Proche du monde de la scène, du spectacle vivant, il imagine régulièrement les affiches et visuels de festivals comme Couvre Feu. Partenaire illustrateur des Ogres de Barback, il enrichit leurs albums de ses couleurs depuis de nombreuses années et participe parfois à leurs créations scéniques, en sculptant les marionnettes du groupe ou en imaginant les oiseaux de leur dernière tournée. Sa collaboration avec ce groupe aux multiples talents l’a mené sur les chemins de l’illustration autour des aventures de Pitt Ocha, personnage de livres disques pour enfant, à la naissance duquel il a participé et qu’il dessine en solo pour les tomes 2 et 3 : Pitt Ocha au pays des milles collines et Pitt Ocha et la Tisane de Couleurs.
Ces dessins sont alors imprégnés de sa pratique de peintre et de sculpteur, qu’il poursuit aujourd’hui aux cotés de Jocelyn Vigouroux, arpentant avec lui les routes dans leur «Petit Atelier», un chapiteau de cirque, exposition itinérante qui abrite leurs œuvres lorsqu’elles ne sont pas retenues dans des lieux plus classiques.
En albums, sur toiles, en objets, les créations d’Eric sont toujours des mondes en relief, images d’enfance très sérieuses et surtout drôles, naïves, pas si innocentes qu’elles en ont l air, qui font rire et réfléchir.
Mars 2013 marque une nouvelle étape, attendue, dans cette aventure : la naissance de "Ines, la princesse de rien du tout", histoire d’amour, d’enfants, et de poux, qu’il a imaginée en mots comme en dessins. Puis en 2017 le livre cd "Voir ailleurs si elle y est" Une histoire illustrée en peinture et en musique, pour la jeunesse et … pour tout le monde ! En 2021 création d' un 4eme album des aventures de Pitt Ocha.
L’art très singulier d’Eric Fleury tient sans doute à sa drôle de manière d’être au monde. Papiers collés, chutes de bois, bouts de tissus usés, mots rabâchés, ce jeune artiste, nantais d’Ardèche prend le monde pour lui et nous le rend tout à fait différent.
Soucieux de l’état des choses, il les représente, avec humour et grincement de toile parfois, sans rien ôter de leur violence.
Traits clairs et couleurs saturées, c’est la vie telle qu’on voudrait la voir : dans toute sa force, le rire en plus ! Pas étonnant qu’il soit entré, très tôt, dans l’univers des Ogres de Barback. Illustrateur d’Un air de famille et de Pitt Ocha, artisan des marionnettes qui représentaient chaque membre de la fratrie musicienne sur scène, il trouve là simplement un autre moyen de chanter avec ses doigts. Eric Fleury imagine.
Artisan, créateur d’objets de toutes espèces, de la statue qui bouge à la pierre qui regarde, il rend visible à chacun ce qui l’unit aux autres. L’atelier ambulant, qu’il partage avec Jocelyn Vigouroux, est un exemple de cette ronde des marins qu’il réinvente. Avec des bouts du monde, des bouts de mots trop usés, cet illustrateur joue des volumes, des matières et des sujets et redonne du sens à ce que nous ne savons plus entendre. Son art rappelle alors la maison du Facteur Cheval, le cabinet des curiosités d’André Breton, ou certaines couvertures des magazines Dada… Avoir quelqu’un dans le nez, être pendu à tes lèvres, motus et bouche cousue, chacun de ses proverbes, façonné dans le volume du papier et de la peinture, prend vie et sens. La mer s’invite volontiers sur nos murs pour rappeler à nos mémoires les légendes populaires et tout le rêve d’une arche encore un peu solidaire. Le travail du volume donne ainsi une sorte de troisième espace : la peinture vient chercher celui qui la regarde, capte le regard et l’intègre à sa toile. Le tableau prend relief, par collage et montage, et le regard s’infiltre, bienvenu à l’intérieur même de l’œuvre. Les bonhommes, les bonnes femmes de ces tableaux, toujours bon vivants, têtes rondes et yeux grands ouverts, auraient leur place dans une BD, ou dans un livre pour enfants, ou encore dans une sérieuse caricature de nos grands airs d’adultes. Parfois c’est pour nous apprendre à réfléchir, à mieux entendre ces proverbes que nous croyons connaître, à mieux regarder ces images populaires qui nous semblaient familières.
Ces toiles nous rappellent toujours à nos enfances, à nos sourires en coin. Elles nous ramènent la tête dans nos étoiles, en activant chacune de nos méninges.
De l’œil au rire, en passant par l’intelligence des choses : magique !